Between NGO survival and movement setting: practices and debates from the Nicaraguan feminisms in the era of “gender globalization”

International audienceThis article will attempt to deconstruct the dichotomous perspective on Latin-American and Caribbean feminist collective action, that presents it as divided into two streams: a libertarian autonomous one refusing to be part of the United Nations and development gender policies, and the other institutionalized, organized around NGOs, and mobilizing funding from international donors in order to implement programs directed toward poor women. According to the autonomist stream, this “NGO-ization” is a factor in the depoliticization of feminism and in the diversion of its subversive aims. Yet, we propose to demonstrate, based on fieldwork conducted in Nicaragua on post-sandinist (1990-2010) feminism practices and debates, that the institutionalized militancy actually operates in a fragile continuum between feminist resistance politics and strategic adaptabilities to development aid resources. The establishment of maneuvering spaces for autonomous actions and the debates that this fosters, arises as a counterpoint to national political deadlocks. This testifies to a real capacity, albeit under national and international constraints, to shelter the tensions between NGO survival and feminist mobilization.L’article propose de déconstruire un angle de vue dichotomique sur l’action collective féministe latino-américaine et caribéenne, selon lequel cette dernière serait divisée en deux courants: l’un autonome-libertaire refusant de s’inscrire dans les politiques onusiennes et de développement sur le genre, l’autre institutionnalisé, constitué autour d’ONG, mobilisant les financements des bailleurs de fonds internationaux pour mettre en œuvre des programmes à l’adresse des femmes pauvres. Selon le courant autonome, «l’ONGisation» serait facteur de dépolitisation du féminisme et de détournement de ses visées subversives. Or, il s’agit de montrer, à l’appui d’une enquête menée au Nicaragua sur les débats et pratiques des féminismes post-sandinistes (1990-2010), que la militance institutionnalisée œuvre plutôt dans un continuum fragile entre politique de résistance féministe et adaptabilités stratégiques aux ressources de l’aide au développement. La construction de marges de manœuvre et d’actions autonomes et les débats qu’elle alimente se posent en contrepoint des impasses politiques nationales. Elle témoigne d’une capacité réelle, quoique sous contraintes nationales et internationales, à arbitrer des tensions entre survivance des ONG et mise en mouvement féministe